Les 4 et 5 décembre 2025, au Novotel de Cotonou, EtriLabs, en partenariat avec la Fondation Mastercard, a réuni plus de 200 participants pour la Conférence EdTech UEMOA 2025, autour du thème « Institutionnaliser une EdTech inclusive et prête pour l’IA dans l’espace UEMOA ». Deux jours intenses de panels, ateliers et démos pour bâtir un écosystème éducatif africain inclusif, multilingue et ancré dans nos cultures.
Jour 1 : ouverture et vision institutionnelle
La conférence a débuté par une cérémonie d’ouverture, donnant le ton de l’événement. Senam Beheton, CEO d’EtriLabs, a rappelé l’engagement d’EtriLabs pour les jeunes et les femmes, soulignant que Cotonou devient un véritable carrefour de l’innovation éducative en Afrique de l’Ouest. Pour lui, la force de l’écosystème repose sur sa capacité à produire des solutions locales répondant aux besoins des communautés, et la conférence devient un espace où Fellows, décideurs, enseignants et investisseurs peuvent imaginer ensemble un EdTech africain multilingue et inclusif.

Aïda Sow, de la Fondation Mastercard, a ensuite mis l’accent sur le rôle du Mastercard Foundation EdTech Fellowship dans la création d’un environnement durable offrant à chaque apprenant, y compris ceux souvent laissés en marge, des opportunités d’apprentissage équitables et de qualité. Cette vision a été renforcée par Maimouna Leye Diakhaté, du Ministère de l’Éducation Nationale du Sénégal, qui a insisté sur la nécessité d’ancrer la transformation numérique dans les politiques publiques, rappelant que l’innovation n’a de valeur que si elle réduit les inégalités et améliore concrètement l’expérience de chaque apprenant.


La conférence a été officiellement lancée par Madame Sylvie de Chacus, Conseillère Technique au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique du Bénin. Elle replace l’innovation éducative dans une vision nationale plus large portant sur le renforcement des compétences, l’accompagnement de la recherche et le développement d’un entrepreneuriat technologique résilient.

Panels et ateliers : co-construire des solutions EdTech
Nous avons tenu deux plénières marquantes qui ont posé le cadre de ces deux journées d’échanges et de réflexions sur l’avenir de l’éducation en Afrique de l’Ouest francophone.
Plénière 1 – L’IA va-t-elle réinventer l’école ?
La première plénière a exploré le potentiel et les limites de l’IA dans l’éducation. Les intervenants ont rappelé que l’IA ne remplace pas les enseignants, elle enrichit leur action avec des contenus adaptés, des flashcards personnalisés et des podcasts en langues locales. Ils ont également souligné des défis majeurs : biais culturels, protection des données et fracture numérique. Une conclusion claire s’impose : la technologie n’a d’impact que lorsqu’elle est centrée sur l’humain et ancrée dans les réalités locales.
Plénière 2 – Comment la EdTech peut accélérer la formation professionnelle ?
La deuxième plénière a porté sur la contribution des EdTech à la formation professionnelle et à l’employabilité des jeunes. On observe un décalage entre les offres de formation et les besoins concrets pour des secteurs porteurs tels que l’agriculture, la fintech ou la logistique. L’accent a été mis sur la nécessité de contenus modulaires et certifiants, co-construits avec les entreprises, ainsi que de dispositifs permettant de mesurer la rétention, les compétences acquises et le retour à l’emploi. En conclusion, la technologie peut aligner formation et réalités du marché du travail lorsqu’elle est utilisée de manière réfléchie et inclusive.
À la suite des plénières, les participants ont approfondi les échanges avec deux ateliers complémentaires, offrant un espace d’analyse pratique et de réflexion stratégique.
Atelier 1 – La feuille de route pour faire passer les EdTech à l’échelle
Nous avons exploré les leviers indispensables pour accompagner les EdTech dans leur passage à l’échelle. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’un modèle économique solide, d’équipes complémentaires et d’une validation institutionnelle et commerciale des solutions. La structuration progressive, la démonstration de traction et la capacité à nouer des partenariats stratégiques ont été présentées comme des facteurs clés de réussite. Les participants ont ainsi obtenu des outils solides pour planifier et sécuriser la croissance de leurs projets.
Atelier 2 – Évaluer les EdTech : efficacité et équité
L’atelier a approfondi les méthodes d’évaluation des solutions éducatives, en mettant l’accent sur l’efficacité pédagogique et l’inclusion. La définition d’indicateurs pertinents, l’implication des enseignants et des apprenants dans les processus d’évaluation, ainsi que l’importance d’un suivi combinant données chiffrées et observations terrain ont été au cœur des échanges. L’adaptabilité des outils aux contextes multilingues et à la diversité des profils d’apprenants a également été analysée. Cet atelier a abouti à des recommandations pour guider les décisions des startups et renforcer la crédibilité des EdTech auprès des partenaires et des institutions.




Jour 2 : Demo Day, panels et plénière de clôture
Le second jour de la Conférence a valorisé les startups EdTech programme avec des pitchs, des échanges stratégiques et une plénière de clôture orientée croissance et stratégie.
Demos Days : mise en lumière des startups du Fellowship
La journée a commencé par les Demo Days, un moment très attendu qui a permis de mettre en lumière la cohorte 2 (Sénégal et Bénin) du programme. Les Fellows ont présenté leurs solutions, illustrant diverses approches pour relever les défis éducatifs de la région.
Au Sénégal, Genimi, Ashita, Jangalma, Kajou et Steamtastic ont présenté des solutions allant de l’amélioration de l’accès aux contenus numériques à la création d’environnements immersifs pour l’apprentissage des compétences STEM.
Au Bénin, Kankode, Tuteur en Poche, Steamy, Malam, Ecolia et Mobidoto ont démontré comment des outils technologiques contextualisés peuvent soutenir les apprenants, renforcer la pédagogie active ou optimiser la gestion scolaire.
Ces présentations ont mis en évidence la diversité des modèles, la créativité des équipes et leur capacité à transformer des contraintes locales en opportunités réelles. Le jury a salué l’évolution des startups, particulièrement leur progression sur la structuration des produits, la clarté de leur positionnement et la qualité de leurs démonstrations.




Un panel consacré aux leçons du Mastercard Foundation EdTech Fellowship a fait ressortir plusieurs avancées décisives. Les startups gagnent en structuration interne, intègrent mieux la diversité (genre, handicap, zones rurales) et affinent leur stratégie grâce aux tests terrain et au mentorat. Les Fellows appellent à renforcer la collaboration entre startups, à impliquer davantage enseignants et écoles dans la co-création des solutions, et à tester tôt, sans attendre la version parfaite, pour accélérer l’amélioration continue.
Pendant la plénière de clôture, le succès des solutions EdTech a été analysé au-delà de la technologie, en insistant sur l’apprentissage, la pertinence du produit et la compréhension des besoins des utilisateurs. Les leviers de croissance clés : tester rapidement, analyser les usages réels, avoir des équipes complémentaires, collecter des données fiables, identifier les segments prioritaires et ceux à éviter, et maîtriser sa courbe de rétention avant d’investir dans le marketing digital. Deux angles ressortent : une vision où l’apprentissage prime et la technologie agit comme facilitateur, et une autre où la tech sert de levier pour croître et toucher plus d’apprenants.


Perspectives et messages clés
La conférence se conclut sur plusieurs messages structurants. Les acteurs s’accordent sur le fait que l’humain restera toujours au cœur de l’innovation éducative : enseignants, parents, élèves et communautés forment le socle de toute transformation durable.
La contextualisation locale apparaît elle aussi comme un impératif : une solution EdTech ne peut produire un impact significatif que lorsqu’elle s’enracine dans les réalités de la langue, de la culture et des usages.
Les discussions rappellent également que les financeurs observent en priorité la capacité de croissance des startups : solidité des équipes, rapidité d’exécution, traction démontrée, KPIs maîtrisés, viabilité du modèle économique et positionnement clair sur le marché.
Enfin, les échanges soulignent le rôle clé des États, aussi bien pour réguler que pour valider et accompagner l’adoption des solutions à grande échelle.
La Conférence EdTech UEMOA 2025 confirme qu’une EdTech africaine inclusive, ambitieuse et prête pour l’IA est non seulement possible, mais déjà en construction. Ce mouvement collectif, animé par les entrepreneurs, les institutions et les communautés éducatives, dessine une trajectoire prometteuse pour l’avenir de l’éducation dans la région.




